Après cinq ans et quatre
mois, la mission de David Bongard, chef de l’Antenne régionale de
l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) a pris fin. Depuis trois
semaines il a déjà repris ses nouvelles responsabilités à Port-au-Prince, en
Haïti, en tant que Directeur du Bureau régional de l’OIF pour les pays de la
Caraïbe. Et comme je le connais, il s’est déjà investi personnellement et
professionnellement beaucoup. Comme il l’a fait aussi dès son arrivée à
Bucarest en novembre 2008. Cette année, moi personnellement, j’ai décidé de
célébrer la Journée Internationale de la Francophonie le 15 avril (et non pas
le 20 Mars, comme les autres 200 millions de francophones des quatre coins du
monde) pour rendre ainsi hommage et remercier dans la mesure du possible David
Bongard pour tout ce qu’il a fait pour moi, pour Bucarest Hebdo. Joyeux anniversaire, David Bongard et un grand
merci pour tout!
Comment a été pour vous, David Bongard cette longue mission
en Roumanie?
David Bongard : Je
souhaiterais d’abord remercier l’engagement des journalistes de Bucarest
Hebdo qui, pendant de nombreuses
années, ont accompagné l’OIF dans ses efforts pour relater tout ce qui se
passait en termes de langue française mais aussi toutes les valeurs qui sont
incarnées notamment par cette langue. Mon séjour en Roumanie fut de cinq ans,
cinq ans qui fussent extrêmement variées, extrêmement riches car je ne peux pas
parler de similitude des dossiers. Tous les jours étaient différents que ce
soit ici en Roumanie ou dans les cinq autres pays de la région que nous
couvrons depuis Bucarest : l’Albanie, l’ex République yougoslave de
Macédoine, l’Arménie, la Bulgarie et la République de Moldavie. Ce fut un
enseignement humain, un enseignement intellectuel extrêmement riches en termes
professionnels et personnels et qui vont m’accompagner dans ma nouvelle tranche
de vie que sera ma nouvelle affectation dans les pays de la Caraïbe.
Quel a été le moment le plus important de ce mandat de cinq ans en Roumanie?
D.B. : Il est extrêmement difficile que
d’extraire un seul moment car tous les moments sont importants soit par leur
impact politique, soit par leur impacte symbolique soit par leur impacte
personnel. Il m’est donc difficile de faire un palmarès de ces moments forts
que j’ai pu vivre ici en Roumanie ou dans les pays de l’Europe centrale et
orientale. Mais néanmoins, l’élément principal e été de me transformer, de me
muer en diplomate ce qui n’était pas chose acquise. Comme vous le savez, mes expériences passées étaient
plutôt dans le domaine des médias, de la presse. Cela a été pour moi un nouvel apprentissage que de
travailler dans un monde de diplomatie, un monde du verbe et du mot que ce soit
en langue française ou dans d’autres langues.
Quel a été le plus grand défi de cette période?
D.B. : Le plus grand défi a été de
pouvoir consolider et surtout conserver notre place ici en Europe centrale et
orientale. Et je suis content que dans cet effort-là, les pays nous ont
accompagné et que la Roumanie a désormais décidé de mettre à disposition de
nouveaux locaux pour le Bureau régional de l’OIF que nous devrions occuper
cette année. Nous sommes en train de finaliser un certain nombre de détails
juridiques, etc., mais j’espère qu’une inauguration soit faite à la rentrée.
C’est de bon augure pour
notre présence à long terme dans la région et qui va, automatiquement engendrer
une décentralisation, une déconcentration de nos programmes depuis notre siège
parisien auprès des régions. Cet élément est particulièrement important dans le
redéploiement de notre organisation sur le plan de régions.
Quel est votre plus grand regret de cette période?
D.B. : C’est une question que beaucoup de
vos confrères m’ont posée. Tout dépend si c’est au niveau professionnel ou au
niveau privé.
Si on parle au niveau privé,
comme vous le savez, je suis un amateur de la faune, de la biodiversité, un
inconditionnel des beautés de l’environnement. Un petit regret c’est que les
Roumains ne sont pas toujours conscients des trésors qu’ils ont. Simplement
pour mentionner le Danube qui est unique en Europe, sinon dans le monde. Un de
mes grands regrets personnels dans ce cadre-là est de ne pas avoir vu le fameux
ours des Carpates.
Et au niveau professionnel?
D.B. : J’aurais souhaité que les choses
se passent peut-être plus rapidement sur un certain nombre de sujets, de
dossiers. Néanmoins on les a vus aboutir, mais si on avait pu les finaliser un
peu en amont on aurait pu étoffer notre présence en Europe centrale et
orientale de manière idoine et en fonction des réalités, des besoins des pays.
Pourriez-vous nous donner des détails sur ces dossiers?
D.B. : Des dossiers comme ceux que j’ai
mentionnés auparavant comme les locaux qui ont été mis à disposition. Mais cela
fut un travail de longue haleine. J’aurais souhaité que cela puisse s’organiser
un peu en amont car on aurait pu renforcer nos capacités en matière de
ressources financières ou humaines pour pouvoir être prêts à recevoir déjà les
programmes ou les projets qui auraient pu être perçus ou préfigurés comme
décentralisables depuis Paris. La région compte peu de personnel. Nous
disposons de deux personnes fixes ici à Bucarest et de deux personnes fixes à
Sofia, dans le cadre du Crefeco,
appuyées parfois par des
ressources extérieures comme peuvent être des volontaires internationaux, des
stagiaires ou les autres. Donc une tout petite équipe pour un espace
extrêmement grand. Mon autre grand regret est aussi que je n’ai pas toujours pu
accorder une attention égale à l’ensemble des pays. Bien entendu, mon attention
était essentiellement portée sur la Roumanie, sur la Bulgarie et la République
de Moldavie peut-être au détriment des autres pays de la région à l’instar de
l’ex République yougoslave de Macédoine, de l’Albanie, de l’Arménie. Donc, le
regret de n’avoir pas pu m’investir partout d’une manière égale sur l’ensemble
des pays couverts par l’APECO.
La Roumanie vous semble-t-elle plus ou moins francophone
aujourd’hui que lors de votre arrivée ?
D.B. : Je ne suis pas la bonne personne
qui pourrait répondre à cette question tout simplement parce je suis biaisé à
force de rencontrer que des francophones. Je constate que d’autres langues
coexistent en Roumanie, des langues qui appartiennent au territoire roumain
comme l’hongrois, l’allemand ou le romi. La Roumanie est un pays plurilingue
par nature, par définition et d’autres langues se voient octroyer un espace en
fonction de paramètres internationaux. Il y a bien évidemment l’anglais mais il
y a beaucoup de Roumains qui ont travaillé ces dernières années en Italie, en
Espagne qui sont de retour dans le pays aujourd’hui avec aussi des bagages
linguistiques et qui participent ainsi à la diversité linguistique du pays. La
diversité linguistique romaine est toujours bel et bien présente. La langue
française a perdu un peu de
terrain mais elle reste encore extrêmement
bien ancrée et bien représentée au niveau des cursus et des curricula des
universités mais aussi dans l’enseignement secondaire. Donc la Roumanie reste
encore aujourd’hui un fer de lance de la francophonie.
Niciun comentariu:
Trimiteți un comentariu